Warning: getimagesize(images/newsletter/ecumenismo/16_12_15_-lambert_beauduin.jpg): failed to open stream: No such file or directory in /home/monast59/public_html/plugins/content/multithumb/multithumb.php on line 1563

Warning: getimagesize(images/newsletter/ecumenismo/16_12_15_-lambert_beauduin.jpg): failed to open stream: No such file or directory in /home/monast59/public_html/plugins/content/multithumb/multithumb.php on line 1563

Le père lambert beauduin, un veilleur avant l’aurore

Multithumb found errors on this page:

There was a problem loading image 'images/newsletter/ecumenismo/16_12_15_-lambert_beauduin.jpg'
There was a problem loading image 'images/newsletter/ecumenismo/16_12_15_-lambert_beauduin.jpg'
P. Lambert Beauduin
P. Lambert Beauduin

P. Lambert Beauduin (1873-1960)

Le 10 janvier 1960 s’éteignit à Chevetogne en Belgique dans la communauté monastique fondée par lui en 1925 le Père Lambert Beauduin. Il avait 86 ans. A l’âge de 77 ans, neuf ans auparavant, il avait pu enfin rentrer dans son monastère d’un exil imposé long de 20 ans. Un an plus tôt, à l’annonce de la convocation du concile par le pape Jean XXIII, son vieil ami, il avait exulté de joie, et incité ses frères moines à s’engager corps et âme dans la préparation de Vatican II.

Octave Beauduin naquit en 1873 dans une famille d’industriels non loin de Liège en Belgique. Sa première vocation fut sacerdotale. Ordonné prêtre en 1897 il s’engagea après quelques années dans le service pastoral auprès de paroisses ouvrières défavorisées et déchristianisées. Premier contact avec la chair souffrante de l’Eglise dans le sillage des préoccupations sociales de son évêque et du pape Léon XIII.

L’abbé Octave Beauduin entra à l’âge de 33 ans au monastère bénédictin du Mont-César à Louvain. Dom Columba Marmion en était ces années-là le prieur claustral. Ce fut pour le prêtre-novice la découverte émerveillée de la liturgie, louange de l’Eglise célébrant l’Epoux, le Christ Jésus, et le mystère du salut. Opus Dei, œuvre de Dieu Père, Fils et Saint Esprit, et œuvre de louange de Dieu par l’humanité sauvé. L’expérience pastorale du jeune prêtre devenu moine le conduisit vite à la question : pourquoi le peuple des fidèles n’a-t-il plus accès à son propre trésor de piété authentique qu’est la liturgie ? En 1909, avec l’encouragement du cardinal Mercier, archevêque de Malines-Bruxelles, il lança donc le « mouvement liturgique », qui n’avait d’autre but que de restituer au Peuple de Dieu les trésors de sa foi vive en les célébrant. Dom Lambert était homme concret et pratique, capable d’incarner les grandes intuitions et idées. Aussi organisa-t-il avec l’aide de ses confrères des sessions de formation pour prêtres, des feuillets de textes latin-français pour les Messes et les Vêpres des dimanches, des revues mensuelles et trimestrielles… . La brochure programmatique, qui ne lui fera pas que des amis, intitulée « La piété de l’Eglise »(1914) portait comme motto « Ut Unum sint ». Il le commente lui-même dans la brochure : « C’est la sublime récapitulation de toutes choses dans le Père, par le Fils, en l’unité du Saint Esprit ». Encore et toujours le mystère de l’Eglise.

La Première Guerre Mondiale voit Dom Lambert réfugié aux Pays-Bas, en Angleterre et en Irlande. En Angleterre il découvre les splendeurs de la liturgie cathédrale de l’Eglise anglicane : brèche ouverte dans ses certitudes ecclésiologiques trop étroitement catholiques.

Suit une période romaine. Son Père Abbé trouve le personnage trop remuant et encombrant et l’envoie à Rome, à l’Athénée bénédictin de Saint-Anselme. Il y enseigne l’apologétique et l’ecclésiologie. Et c’est la découverte douloureuse de l’unité visible de l’Eglise du Christ déchirée par les péchés des chrétiens. Années intenses de 1921 à 1925, qui préparent et donnent corps au rêve d’une communauté bénédictine priant et œuvrant pour l’unité visible de l’Eglise du Christ afin que le monde croie.

Le P. Lambert en 1925 avait la cinquantaine passée. Il n’était donc plus très jeune pour se lancer dans l’aventure d’une fondation d’un type nouveau. Il avait cependant compris que la vie monastique de tradition bénédictine recelait un patrimoine partagé avec les autres Eglises chrétiennes : l’amour de la liturgie comme louange de Dieu et contemplation du mystère de notre salut, la pratique de la lectio divina, la communion fraternelle au jour le jour, l’hospitalité désintéressée, le service ecclésial qu’est l’étude de la Bible, des Pères, des Conciles…

La communauté naquit fin 1925 à Amay-sur-Meuse dans le diocèse de Liège. Dès ses débuts elle fut de composition internationale et regroupa en une unique fraternité deux « décanies » liturgiques, l’une latine et l’autre byzantine.

Entretemps Dom Lambert avait préparé la célèbre conférence que le cardinal Mercier présenta en 1925 aux « Conversations de Malines », qui lui valut tant d’ennuis et l’exil après la mort de Mercier : »L’Eglise anglicane unie non absorbé ».Les arguments historiques sont faibles, mais l’intuition de fonds reste un programme œcuménique, aujourd’hui encore. Dans l’entourage de l’archevêque le P. Lambert avait rencontré Monsieur Fernand Portal, lazariste (1855-1926), que nous devons considérer comme le véritable précurseur catholique du mouvement œcuménique. Portal comprit qu’il pouvait passer le flambeau à Beauduin.

Pour rayonner une communauté et son programme œcuménique ont ou avaient besoin d’une revue. Dès 1926 la revue « Irénikon » vit le jour. Le premier fascicule déjà donne le ton œcuménique. Le manifeste est de la plume de Lambert Beauduin : « Dans quel esprit nous voudrions travailler. Ni prosélytisme, ni bienfaisance, ni conception impérialiste ». Clarté est donc faite.

Une communauté monastique s’assemble autour de son fondateur charismatique et se développe rapidement. Très vite suspicions et critiques naissent et elles resteront souvent vives et tenaces jusqu’à l’annonce du concile Vatican II par Jean XXIII. En 1928 le pape Pie XI publie l’encyclique « Mortalium animos », condamnation solennelle du mouvement œcuménique. A la fin de cette même année le P. Lambert se démet comme prieur conventuel du monastère. Trois ans plus tard arrive la condamnation romaine et l’exil. La vraie raison de la condamnation est double : la conviction que l’unité chrétienne recherchée doit embrasser toutes les. Eglises d’Orient et d’Occident, alors que cette unité ne sera pas le simple retour des brebis égarés au bercail, et le refus d’entrer dans le projet (fantasmagorique) d’une conquête catholique de la Russie.

Les 20 ans d’exil en France ont certainement été éprouvants, mais en même temps féconds. Deux exemples seulement : la collaboration à la fondation en 1943 du Centre Pastoral de Liturgie et l’initiative, de concert avec le P. Cyprien Kern, des Journées Liturgiques de l’Institut théologique orthodoxe Saint Serge à Paris en 1951.

Le P. Lambert put retourner dans sa communauté à l’âge de 77 ans. Aussi longtemps que ses forces physiques le lui permirent il fut fidèle à l’Opus Dei, à la lectio divina, au travail manuel, à l’étude.

Maintes fois il m’est arrivé de me demander ce en quoi le P. Lambert nous avait le plus marqué. Quel était donc le plus grand don qu’il avait fait à notre communauté ? Bien sûr, il y a l’intuition d’une vie monastique simple et se ressourçant à la Parole de Dieu et à la tradition commune; il y a l’amour de la liturgie, gratuité de l’adoration de Dieu et louange de l’Epouse au Christ Jésus ; il y a l’amour passionné de l’Eglise Une, responsabilité confiée à notre prière et à notre diligence. Mais sans le moindre doute le don le plus précieux que Dom Lambert nous a fait est celui de la JOIE. L’incompréhension et l’exil n’avaient laissé en lui aucune trace de ressentiment ou d’amertume. Un solide sens de l’humour l’y aidait. Mais cette joie-là venait de plus loin : de sa foi et de son amour du Seigneur Jésus, et d’une véritable mystique de l’Eglise sauvée par le sang de l’Agneau immolé et ressuscité.

p. Michel Van Parys osb

NOTE


Ce texte, plus que la simple présentation d’un précurseur œcuménique, est un témoignage. J’ai été le dernier novice entré dans la communauté du vivant de Dom Lambert. Elu prieur conventuel du monastère en 1971 j’ai connu et accompagné la plupart de ses disciples immédiats.

Le titre donné à ce témoignage reprend celui du Colloque organisé 50 ans après la fondation du monastère d’Amay-Chevetogne en 1976. Il fait allusion à la prophétie d’Isaïe 62,6-7. Les Actes de ce Colloque donnent une image très vivante du P. Lambert: » Veilleur avant l’aurore », Chevetogne 1978. Le Fr. Enzo Bianchi a écrit la préface de la meilleure monographie consacrée à notre fondateur par R. Loonbeek et J. Mortiau : « Dom Lambert Beauduin, visionnaire et précurseur (1873-1960) : Un moine au cœur libre », Paris – Chevetogne, 2005. Une traduction italienne serait la bienvenue.

Mots-clés: ABCDell'Ecumene