Dieu a tant aimé le monde
Considérons, mes frères, ce que le Seigneur dit dans l'Évangile: Dieu a tant aimé le monde, et ce qui suit. Chacun doit être loué ou blâmé selon ce qu'il aime: et nous, pour pouvoir louer ou blamer quelqu'un de manière juste, par rapport à son amour, nous devons considérer quatre éléments: qui est celui qui aime, ce qu'il aime, puis combien il aime et enfin dans quel but il aime.
Nous pouvons considérer qui est celui qui aime: s'il est riche, bon ou mauvais, sage ou non. Puis ce qu'il aime: le monde, Dieu, un homme, un vice. Par la suite combien il aime: s'il aime quelqu'un, s'il aime au point de dépenser pour lui son argent, sa parole, et, si nécessaire, sa vie. Enfin, nous devons considérer dans quel but il aime: si c'est pour sa propre utilité ou par plaisir, ou si c'est pour le bien de celui qu'il aime. L'évangile nous montre cese quatre éléments concernant Dieu lorsqu'il affirme: Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, et ce qui suit.
Qui a aimé? Dieu. Qu'a-t-il aimé? Le monde. Comment a-t-il aimé? Tellement qu'il a donné son Fils unique. Dans quel but a-t-il aimé? Pour que quiconque croit en lui et ce qui suit. Dieu a aimé, dit le texte. Come rien n'est plus haut que Dieu, rien n'est plus grand, rien n'est plus précieux, rien n'est plus parfait, ainsi aucun amour ne peut être comparé à son amour.
Aelred de Rievaulx, homélie 80 pour l'Avent du Seigneur
Aelred est né vers 1110 à Hexham dans le Northumberland, au nord de l’Angleterre, non loin de la frotnière avec l'Écosse. Après ses études à Hexham et à Durham, il se retrouve en 1124 à la cour de David, roi d'Écosse, où il acquiert, très jeune, la fonction de sénéchal, c'est-à-dire économe. Une de ses missions auprès de l'archevêque de York, pour le compte du roi, fut l'occasion de connaître la vie cistercienne: cela, grâce à une petite filiale de Clairvaux, tout juste établie dans ce diocèse, à proximité du fleuve Rye, qui avait pris le nom de Rievaulx. Prenant sa décision avec immédiateté, Aelred y entra comme moine. C'était en 1134. En 1142 il devint maître des novices. Peu après, s'ouvrit à Revesby, dans le Lincolnshire, une fondation monastique affiliée à Rievaulx, et Aelred en fut nommé abbé. Il y demeura de 1143 à 1147, lorsqu'il fut rappelé à Rievaulx pour devenir abbé. Sa notoriétè s'étendit au-delà du monde cistercien; ses paroles et ses écrits furent appréciés d'un cercle toujours plus vaste; une intense correspondance le liait à toute sorte de personnes et tout cela s'ajoutait à l'activié normale, mais déjà extraordinaire, liée à sa fonction d'abbé et de guide des nombreux monastères dépendants. Il ne se laissa pas même freiner par une grave forme d'arthrite qui limita gravement ses mouvements durant les dernières années de sa vie. Il mourut le 12 janvier 1167.
Tiré de Aelredo di Riveaux, Ho trovato l'amato del mio cuore (collection des Textes des Pères de l'Église n°76), Edizioni Qiqajon, Magnano 2005.