Œcuménisme et Évangile

Humainement, cela est plus que compréhensible ; mais la centralité retrouvée de la Parole de Dieu, fruit irréversible du Concile, amène à lire ces situation d’une autre manière : non dans l’optique mondaine de l’efficience, du rendement, mais dans celle, évangélique, de la conformité à l’Évangile. Certes, durant des siècles, les Églises ont cru en parfaite bonne foi qu’il était possible de vivre et de témoigner l’Évangile tout en restant séparées, voire en se considérant même ennemies ; mais le souffle de l’Esprit, qui a animé tant de nos père et de nos frères dans la foi au cours de ce dernier siècle, nous a fait comprendre que cela n’est aujourd’hui plus possible. Oui, « ce n’est pas l’Évangile qui change, c’est nous qui le comprenons mieux », comme aimait à dire le pape Jean XXIII, et cette meilleure compréhension ne laisse plus place à une Église divisée si elle veut témoigner de l’unicité de son Seigneur dans la société contemporaine.

L’œcuménisme, pour nous à Bose, n’a jamais été un « service », un « quatrième vœu », un engagement particulier, une « mission » à durée déterminée, mais la modalité concrète, quotidienne, selon laquelle il nous a été demandé de vivre l’Évangile : il ne nous est pas possible de séparer notre recherche laborieuse à la suite du Seigneur Jésus, notre existence chrétienne, de la passion pour l’unité du Corps du Christ qui est l’Église. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes reconnus avec joie dans les paroles de l’encyclique Ut unum sint de Jean Paul II : « L’œcuménisme, le mouvement pour l’unité des chrétiens, n’est pas qu’un “appendice” quelconque qui s’ajoute à l’activité traditionnelle de l’Église. Au contraire, il est partie intégrante de sa vie et de son action, et il doit par conséquent pénétrer tout cet ensemble et être comme le fruit d’un arbre qui, sain et luxuriant, grandit jusqu’à ce qu’il atteigne son plein développement. C’est ainsi que le pape Jean XXIII croyait à l’unité de l’Église et c’est ainsi qu’il recherchait l’unité de tous les chrétiens » (UUS 20).