Persévérer dans l’espérance


Par contre, presque chaque jour, on veut faire apparaître l’Église comme une arène où se font face des factions opposées, incapables de s’écouter et de rechercher ensemble un chemin de communion, mais visant au contraire à faire taire « l’autre », à prendre le dessus dans les organigrammes, à « gagner » qui sait quel conflit idéologique. Pourtant Jésus avait averti avec force : « Il ne doit pas en être ainsi parmi vous » (Mc 10,43). Et ce n’est « pas ainsi » que s’étaient comporté les pères conciliaires à Vatican II : ils avaient su faire dialoguer leurs diverses visions de l’Église pour les soumettre au jugement de la Parole de Dieu et de sa réalisation dans l’aujourd’hui de l’humanité, jusqu’à les faire converger dans une interprétation partagée, car docile à l’Esprit.

Notre temps se révèle un temps d’épreuve et de souffrance. Certes, il ne s’agit pas de l’épreuve extrême de la persécution et du martyre, que rencontrent tant de frères et de sœurs dans la foi, mais de l’épreuve de la persévérance, de la fidélité à scruter « comme si l’on voyait l’invisible ». Même après la victoire du Christ, après sa résurrection et la transmission des énergies du Ressuscité au chrétien, l’influence du « prince de ce monde » (2Co 4,4) reste encore à l’œuvre, de sorte que le temps du chrétien demeure un temps d’exil, de pèlerinage, dans l’attente de la réalité eschatologique où Dieu sera tout en tous. Le chrétien sait en effet – et nous ne nous lasserons jamais de le répéter à une époque qui n’a plus le courage de parler de persévérance et moins encore d’éternité, une époque aplatie sur l’immédiat et sur l’actualité – que le temps est ouvert sur l’éternité, sur la vie éternelle, sur un temps rempli uniquement de Dieu : il s’agit là du but de tous les temps, où « le Christ est le même hier, aujourd’hui, et à jamais » (He 13,8). Le télos de nos vies est la vie éternelle et dès lors nos jours sont en attente de cette rencontre avec le Dieu qui vient.