Le prêtre et la prière

fr. Enzo Bianchi, prieur de Bose
« Les prêtres, serviteurs de l’évangélisation » – Bordeaux, mars 2014

Introduction. L’assiduité, la persévérance et la fatigue de la prière

On n’a peut-être jamais autant réfléchi et écrit sur la figure du prêtre, sur son identité et son ministère, comme durant ces dernières décennies. Dans ces études, on rappelle presque toujours que la prière est une action importante dans la vie du prêtre. Mais cette affirmation est faite avec une conviction qui semble faible. C’est là un aspect – dit-on – qui ne peut être négligé dans la vie presbytérale, mais la prière ne semble pas mériter une recherche particulière et une exhortation insistante. Pourtant je reste convaincu qu’une des causes du mal-être vécu aujourd’hui par de nombreux prêtre – une, je ne dis pas toutes, mais une de celles qui sont décisives – est le fait que de nombreux prêtres prient peu voire même pas du tout.
Presque tous les prêtre sont convaincus de la nécessité de ne pas abandonner la prière, mais de fait la célébration de la messe ou des messes, la célébration des sacrements et toute l’activité pastorale soustraient le temps disponible pour la prière. Je pense aussi que, puisque l’activité tout entière des prêtres est un travail où Dieu est présent, un opus qui renvoie toujours à celui de Dieu et de Jésus Christ, il peut y avoir chez une partie des prêtres la tendance à se sentir exemptés de consacrer un temps spécifique à la prière, ou du moins à ne pas considérer que la prière doive être prioritaire. Dans un petit ouvrage – qui est à mon sens un véritable joyau – rédigé par un évêque et un théologien allemand, Klaus Hemmerle et Wilhelm Breuning (Prêtres : vivre plutôt que survivre, Nouvelle Cité 1994), certaines priorités sont indiquées, dix pour la précision, que les prêtres devraient garder à l’esprit pour pouvoir vivre authentiquement et fidèlement la vocation et le ministère qu’ils ont reçu du Seigneur. Le texte exprime ce qui est le plus important dans la vie du prêtre aujourd’hui, et touche juste. En effet, le vrai problème de la vie du prêtre n’est pas de faire des choses nouvelles, de chercher de nouvelles conditions pour le ministère, mais surtout d’ordonner des priorités, de clarifier ce qui est décisif, d’obéir à ce qui est le plus important. Voilà les quatre premières priorités indiquées par les auteurs :
- la manière de vivre comme prêtre est plus importante que ce qu’un prêtre fait en tant que tel ;
- ce que le Christ réalise dans le prêtre est plus important que ce que le prêtre fait de lui-même ;
- vivre la communion avec les autres prêtres est plus important que se laisser absorber par son travail ;
- le service de la prière et de la Parole est plus important que le service des tables (voir Ac 6,1-4).
Sur cette dernière priorité je voudrais réfléchir avec vous en guise d’introduction. Vous vous souvenez que dans le cadre de l’Église née de la Pentecôte un problème a surgi, qui a traversé depuis lors toute l’histoire de l’Église, jusqu’à nos jours : la tension entre la prière et le travail, entre l’assiduité avec le Seigneur (voir 1Co 7,35) et la mission apostolique, entre le moment où l’on est évangélisé et celui où l’on évangélise. Plus encore, cette tension a été vécue également par Jésus, qui, selon les Évangiles, a parfois cherché un lieu solitaire pour prier (voir Mc 1,35 ; Lc 4,42), alors que d’autres fois il a été arraché de la solitude par les foules qui le cherchaient comme des brebis sans berger, dont Jésus avait compassion (voir Mc 6,34 ; Mt 14,14). Cette même tension est exprimée dans l’Évangile selon Marc dans un texte significatif, celui de l’appel des apôtres ; on comprend ainsi que cette tension est d’une certaine manière « constitutive » du ministère apostolique : « [Jésus] appelle ceux qu’il voulait … et il en établit douze pour être avec lui et pour les envoyer prêcher » (Mc 3,13-14).
L’équilibre entre l’assiduité avec le Seigneur et la mission envers les hommes est délicat, et il faut continuellement y prêter attention, comme à un équilibre instable qui doit être chaque jour ré-instauré. D’ailleurs, les Actes des apôtres témoignent du fait que les apôtres mêmes se sont bien vite rendu compte qu’une pathologie menaçait gravement leur ministère :

Les Douze convoquèrent l'assemblée plénière des disciples et dirent : « Il ne convient pas que nous délaissions la Parole de Dieu pour le service des tables. Cherchez plutôt parmi vous, frères, sept hommes de bonne réputation, remplis d’Esprit et de sagesse, et nous les chargerons de cette fonction. Quant à nous, nous continuerons à assurer la prière et le service de la Parole » (Ac 6,2-4).

Voilà la priorité que les apôtres doivent absolument reconnaître pour être fidèles à leur appel : se consacrer avant tout à la prière et au ministère de la Parole. Ce n’est qu’ainsi que l’envoyé reste fidèle à l’assiduité avec le Seigneur, à la « stabilité » avec lui, parce qu’avant d’être envoyé, il faut se sentir appelé, il faut écouter la voix qui appelle et envoie, il faut connaître l’objet du mandat, il faut s’impliquer dans un dialogue, de sorte que l’envoyé soit véritablement capable de parler et d’agir au nom de celui qui l’envoie. Ce n’est que s’il y a ce fondement de l’assiduité avec le Seigneur, de la communion avec lui, qu’il est possible de se tenir parmi les autres comme signe et comme voix de la présence du Seigneur lui-même.
Le problème de la priorité dans la vie du prêtre est donc une affaire sérieuse, parce que le prêtre fait aujourd’hui réellement des actions saintes, des actions de service, des actions qui l’engagent du matin au soir : mais quelles sont ses priorités ? Qu’est-ce qui apparaît décisif et qu’est-ce qui est secondaire ? En vérité, la prière est décisive parce qu’elle constitue l’autre face de la médaille de la foi : la prière naît de la foi et renvoie à elle (voir Jc 5,15 : oratio fidei) ; « la prière est éloquence de la foi » (Rudolf Pesch), en elle la foi parle. La présence de la prière dans la vie d’un chrétien témoigne de sa foi et la manifeste. Dans mon expérience d’écoute de nombreux prêtres, j’ai constaté que la question sur la présence et la qualité de la prière dans leur vie va de pair avec la question sur la foi et la qualité de la foi : vérifier l’état de sa prière signifie de fait vérifier l’état de sa foi. Ceci, parce que la prière est aussi toujours l’expression d’un désir du Seigneur, et s’il n’y a pas de désir du Seigneur, s’il n’y a pas une authentique recherche du Seigneur, non intellectuelle mais existentielle – celle dont témoignent par exemple les Psaumes : « Dieu, c’est toi mon Dieu ! Dès l’aube je te désire; mon âme a soif de toi » (Ps 63,2) ; « Mon âme se tourne vers toi, mon Dieu. J’ai soif de Dieu, du Dieu vivant » (Ps 42,2-3) –, s’il n’y a pas une soif de Dieu, un amour pour Jésus Christ, alors il n’y a pas de foi.
Nous savons tous combien nous sommes habiles à trouver des raisons et des excuses pour ne pas prier ou pour tranquilliser notre cœur qui nous reproche de ne pas prier de manière conforme au ministère que nous exerçons. Nous savons aussi trouver les mots pour dire que le temps nous manque, que le temps fuit rapidement, que le temps est rempli par tous nos services et par les demandes des gens vers lesquels nous sommes envoyés. Mais « avoir du temps signifie ne pas avoir du temps pour tout » (Fernando Pessoa), cela signifie donner de l’ordre au temps, créer des priorités en son sein. Et il faut rappeler ici que la prière, dans la tradition chrétienne, a avant tout cette tâche : « instituer l’ordre humain dans le monde » (Franz Rosenzweig), donner de l’ordre au temps et à l’espace, ordonner notre monde intérieur à travers la détermination d’un ordre de priorités. Prier signifie savoir acquérir la capacité de la distinction, du discernement, et dès lors savoir distinguer et faire de l’ordre en nous. Antidote au désordre, à l’informe, au chaotique qui nous habite, la prière est essentielle dans un cheminement qui veut être de foi, d’adhésion au Seigneur, d’amour pour lui, un cheminement qui ne préfère rien à lui et à son amour.
Enfin, dans cette première approche à la réflexion sur la prière du prêtre je voudrais rappeler une vérité qui est aujourd’hui souvent oubliée voire même démentie : la prière est un labeur, une fatigue, c’est un kópos, disaient les pères anciens. Un apophtegme d’abba Agathon peut l’illustrer :

Certains frères interrogèrent abba Agathon : « Quelle est, parmi les bonnes œuvres, la vertu qui comporte le plus d’effort ? »Il leur dit : « Pardonnez-moi, je crois qu’il n’y a pas d’effort comparable à celui de prier Dieu. Chaque fois en effet que l’homme désire prier, les ennemis veulent l’en arracher. Car ils savent qu’ils n’entraveront sa marche qu’en le détournant de la prière. Pour toute autre œuvre bonne qu’un homme entreprend, en y persévérant, il acquiert de la facilité. Mais pour la prière, jusqu’au dernier soupir il a besoin de lutter. » (Apophtegmes, Série alphabétique, Agathon 9.)

Nous provenons d’une époque qui, en voulant à juste titre réagir à certains préceptes, à un certain formalisme également dans le domaine de la prière, a dû affirmer que la prière se tient dans l’espace de la gratuité, qu’elle est féconde lorsqu’elle est alimentée par le souffle de l’Esprit saint, qu’elle est un acte de liberté. Tout ceci est juste, mais ne doit pas induire à affirmer – comme beaucoup ont fait et continuent de faire – que la prière ne répond qu’au sentiment, à l’imagination, à la soif d’émotions, à une recherche intérieure nourrie souvent d’esthétisme, ou transformée en un souci obsessif de soi, en une recherche narcissique. Non, la prière est aussi une fatigue, et seul celui qui en parle ou en écrit sans la mettre en pratique l’oublie.
Celui en revanche qui pratique la prière avec assiduité, depuis les années de la jeunesse jusqu’à l’âge avancé, la comprend comme le labeur le plus grand  et sait combien la persévérance dans la prière est facilement contredite. Dans la prière, surtout au début de la vie spirituelle ou de la vocation, on peut faire l’expérience d’une douceur, d’une joie, d’un repos, voire d’un plaisir ou d’une « jouissance » (pour reprendre les mots de l’école cistercienne). Mais il faut reconnaître qu’avec les années, de même que notre manière de vivre change, ainsi change aussi notre manière de prier, et nous connaissons l’aridité, l’absence de désir de prier, la fatigue ; parfois il nous semble même que nous n’avons plus de raisons de prier… Ce qui était si plein d’émotions ne l’est plus, et ce que nous considérions comme un résultat presque automatique de la prière ne se vérifie plus. Alors nous nous demandons : où sont les fruits de la prière ? Pourquoi notre cœur ne sait-il plus que dire à Dieu ? Et voilà que surgit la tentation de penser que Dieu « se tait » à notre égard ; nous en venons à penser que cet effort est inutile, que la prière ne sert à rien et qu’elle est comme notre vie spirituelle : avec les années, elle semble ne pas s’être améliorée, ni être devenue plus sainte. Par conséquent, s’insinue en nous un soupçon : qui m’oblige à me lever tôt pour prier ? Pourquoi continuer la lutte exténuante pour trouver du temps à consacrer à la prière ? Être fidèles tous les jours à la prière devient un labeur insupportable et, puisque tout va aussi bien et qu’on est en harmonie avec soi-même également lorsqu’on ne prie plus, pourquoi se soumettre à cette fatigue ?
Dietrich Bonhoeffer écrivait :

Apprendre à prier, cela nous semble paradoxal. Selon nous, ou bien le cœur déborde au point de se mettre à prier spontanément, ou il n’apprendra jamais. Mais c’est une dangereuse erreur, aujourd’hui certes largement répandue parmi les chrétiens, de penser que le cœur est par nature apte à prier. Nous confondons alors la prière avec les désirs, les espoirs, les soupirs, les lamentations et les allégresses – dont le cœur est capable naturellement. Et du même coup nous confondons la terre et le ciel, l’être humain et Dieu. Car prier n’est pas simplement synonyme de déverser son cœur. Prier, cela signifie trouver le chemin vers Dieu et lui parler, que le cœur soit comblé ou vide (Le livre de prières de la Bible, Labor et Fides 2007, p. 108).

La vie de relation et d’amour, pour nous tous, exige assiduité, dialogue, conversation, et si ces éléments manquent, si le mutisme finit par régner, alors la relation elle aussi s’assèche et meurt. Comme cela se produit dans les rapports avec les autres, cela se produit de même dans notre rapport avec le Tout Autre, le Seigneur ; même si le Seigneur, à la différence des partenaires humains, nous précède toujours, nous appelle et nous cherche, avant même que nous le cherchions et que nous l’appelions. Plus encore, le Seigneur continue à prier en nous même quand nous ne le prions plus…
Dans cette optique donc, prier, c’est faire un acte de foi, non pas chercher un état d’âme. Prier chaque jour fait partie de l’effort de porter chaque jour la croix derrière Jésus (voir Lc 9,23 ; Mc 8,34 ; Mt 16,24), jusqu’à la mort, en constatant que parfois, le long du chemin, des découragements sont possibles, des chutes, des régressions, des déviations : mais ce qui est décisif, c’est la persévérance, sans perdre l’orientation que nous a donnée Jésus qui, depuis toujours, nous précède. Ce n’est que dans la persévérance de la prière – comme les premiers croyants de l’Église née de la Pentecôte, « assidus, persévérant … dans les prières » : Ac 2,42) –, ce n’est que dans la fidélité quotidienne à la prière que l’on peut atteindre la profondeur de ce qu’est l’éloquence de la foi, de ce que nous croyons, en vivant ainsi existentiellement l’adage traditionnel : lex orandi, lex credendi.
La prière comporte une bonne part d’ordinaire, de quotidien, voire de répétitivité ; mais cela ne doit pas nous faire peur : au-delà de nos sentiments et de nos perceptions conscientes, en effet, se produit un approfondissement, un opus Dei, un travail de Dieu en nous, même si nous ne le constatons pas aussitôt, même « sans que nous sachions comment » (voir Mc 4,27). Et puis ce que l’on pratique durant tant d’années avec peine – avertit la Règle de saint Benoît – se transforme peu à peu en habitus, et se fait « presque naturellement, par habitude » (RB 7,68). Demeurer, rester avec le Christ (voir Jn 15,4-10 ; 1,38-39) n’est pas une acquisition définitive : c’est quelque chose que l’on réalise et que l’on renouvelle chaque jour, avant tout dans la prière.

1. Quelle prière pour le prêtre ?
Nous devons être honnêtes et renoncer à rechercher une « prière du prêtre » qui se distingue de la prière des autres frères dans la foi, moines ou fidèles. Jésus n’a pas transmis aux apôtres une prière différente de celle transmise aux disciples, et la prière comme « acte de foi », comme « dialogue avec Dieu » concerne tous les chrétiens.
Toutefois il reste vrai que chaque chrétien personnalise cet acte de manière unique et que l’histoire personnelle de chacun, la vocation et le don qu’il a reçus, le ministère qu’il accomplit dans l’Église peuvent donner certains accents particuliers à l’unique prière chrétienne. Le prêtre, comme chrétien, comme disciple de Jésus Christ, devra certainement prier comme tous les autres, mais en tant que prêtre appelé à parler au nom du Christ, à sanctifier par la force de l’Esprit saint et à présider la communauté du Seigneur, sa prière aura des accents propres et certaines caractéristiques absolument nécessaires pour pouvoir se situer dans son ministère.
Dans cette optique, la caractéristique essentielle du prêtre – rappelons-le brièvement – est celle de se tenir devant la communauté au nom de Dieu et de se tenir devant Dieu au nom de la communauté. Il y a une qualité de représentation (in nomine Christi, in nomine ecclesiae) qui modèle sa prière et qui apparaît particulièrement évidente dans la liturgie. Le prêtre écoutera donc comme un disciple la parole du Seigneur, mais il l’écoutera aussi dans la conscience de devoir l’annoncer au nom du Seigneur ; il priera en intercédant auprès de Dieu, mais il le fera comme celui qui, en Christ, a été constitué intercesseur pour le peuple.
Arrêtons-nous donc de manière plus approfondie sur ces deux spécificités de la prière du prêtre : l’écoute et l’intercession.

a) La prière du prêtre comme écoute
Quand on affronte le thème de la prière chrétienne, il faut aussitôt souligner clairement son statut : elle naît de l’écoute du Seigneur. Avant d’être une parole adressée au Seigneur, avant d’être une louange-reconnaissance ou une demande-intercession, la prière est écoute d’une parole du Seigneur qui nous appelle par notre nom, qui toujours nous prévient, qui nous précède dans notre communication avec lui. Il faut toutefois aussi reconnaître que l’écoute est le moment le plus difficile de la prière, le plus négligé, parce que l’homme prie presque naturellement, mais il écoute difficilement.
Le prêtre, ce chrétien qui a entendu pour soi une vocation précise de la part du Seigneur, devrait donc être exercé à cette écoute durant toute sa vie, dans la mesure où il est appelé par le Seigneur à présider son peuple, à être pasteur au nom du « Pasteur des pasteurs » (1P 5,4), à rester à l’écoute « pour paître le troupeau qui lui a été confié » (voir 1P 5,2) selon la volonté du Seigneur et non selon sa propre volonté. Comme il doit annoncer la Parole du Seigneur à d’autres qui lui sont confiés, le prêtre a pour premier devoir celui de l’écoute : et en disant écoute, je me réfère à un véritable art, fait de sollicitude, d’exercice, d’attention, de passion, de persévérance.
Voilà une priorité dans la journée du prêtre : choisir et établir un moment précis et constant pour écouter ce que le Seigneur lui dit au cœur, au point d’acquérir « un cœur qui écoute » (1R 3,9), un cœur capable d’écouter dans toute situation qui se présente à lui. Seul une écoute assidue peut faire du prêtre un « homme de Dieu » (1Tm 6,11), expression utilisée par Paul à l’égard de Timothée pour le déclarer homme totalement appartenant à Dieu, serviteur de Dieu, pleinement à son service et donc toujours à l’écoute de la volonté de son Seigneur. Je rappelle seulement en passant que dans la tradition juive le célibat même vécu par les prophètes (Moïse après la révélation du Nom de Dieu au buisson ardent, Élie, Jérémie, etc.) était justifié comme la condition nécessaire pour être toujours prêts à l’écoute de la Parole du Seigneur, pour recevoir cette Parole à annoncer ensuite en tant que pro-phêtai, hommes qui parlent au nom de Dieu.
Mais il y a sans doute une figure extrêmement inspiratrice pour ceux qui ont une mission à l’égard de la communauté du Seigneur et des hommes : celle du Serviteur du Seigneur dont parlent en particulier les chants homonymes du Deutéro-Isaïe (voir Is 42,1-9 ; 49,1-7 ; 50,4-11 ; 52,13-53,12). Le Serviteur appelé par le Seigneur à être prophète, porteur de sa Parole, fait quotidiennement l’expérience d’une initiative du Seigneur qui l’habilite à la mission : « chaque matin le Seigneur lui fait dresser l’oreille » (voir Is 50,4), il l’invite à se sentir disciple qui écoute, et le Serviteur consent à cette action de Dieu, interprétée par le psalmiste comme l’opération de « creuser, percer l’oreille » (voir Ps 40,7), une action qui exige l’obéissance, l’écoute absolue et marque une appartenance irrécusable du Serviteur à son Seigneur. De la même manière, seul un prêtre qui écoute son Seigneur sait se tenir en son nom face à la communauté, en tant qu’envoyé de Dieu, ambassadeur et porte-parole. Mais la référence la plus éloquente à cet égard est sans doute Jésus lui-même, qui se disait à l’écoute du Père, et le manifestait, pour réaliser uniquement ce que le Père voulait (voir Jn 12,49-50 ; 15,15).
Oui, écouter est le début du cheminement de communion et seul celui qui écoute peut entrer en communion avec celui qui parle. Le prêtre est préparé à cela notamment par son célibat, qui devrait lui accorder du temps pour la solitude et le silence, du temps à passer dans l’exercice de l’amour avec son Seigneur. Mais l’écoute de Dieu ne peut être disjointe de l’écoute des hommes, de l’écoute de l’histoire, de l’écoute du lieu où le prêtre a été placé : en un mot, l’écoute de la réalité, dont le prêtre n’est pas exempté, et où il est même obligé d’exercer sa mission. Celui qui s’exerce à l’écoute de Dieu, d’un Dieu qui ne se voit pas et parle souvent par la « voix d’un silence léger » (1R 19,19), devient également capable d’écouter les frères et les sœurs que Dieu lui a confiés : « Celui qui n’écoute pas son frère qu’il voit ne peut écouter Dieu qu’il ne voit pas », pourrions-nous dire pour paraphraser une affirmation de la Première lettre de Jean (voir 1Jn 4,20). Écouter les personnes, écouter leurs souffrances, les accueillir moyennant l’écoute patiente et pleine de miséricorde, leur faire sentir qu’elles sont reconnues et aimées est une opération qui fatigue, qui parfois ennuie, voire dérange profondément. Écouter, c’est consentir que les autres nous fassent mal, mais c’est ainsi que le prêtre, à l’image de Jésus, se charge de la fragilité et de l’infirmité de ceux qui vont vers lui (voir Mt 8,16-17). Il y a dans la vie du prêtre un ministère d’écoute des brebis qui lui sont confiées qui doit trouver sa place et ne pas être relégué voire négligé, parce que le ministère d’écoute indique le ministère de la présence, du temps accordé aux autres, de la capacité de se tenir parmi eux, au sein du peuple de Dieu.

b) La prière du prêtre comme intercession
Quand le prêtre écoute ses frères et sœur, en réalité il les écoute également au nom de Dieu et c’est ainsi qu’il est constitué homme d’intercession. Comme le prophète qui se tient devant son peuple au nom de Dieu, il doit aussi se tenir devant Dieu au nom de son peuple pour intercéder en sa faveur. Le messager de Dieu auprès des frères devient le messager des frères auprès de Dieu, en un mouvement de pendule auquel il faut parfois s’exercer avec difficulté : oui, parce qu’être et se faire solidaire de Dieu semble parfois s’opposer à la solidarité à l’égard des pécheurs, et vice versa.
Mais ce ministère de la prière d’intercession dans la vie du prêtre est essentiel aussi parce que les gens en expriment la conscience et le désir : le prêtre doit être comme le délégué permanent à la prière au nom de toute la communauté. Les prêtres le savent bien, ils perçoivent souvent ces attentes de la part de ceux qui demandent qu’on prie pour eux et pour ceux qu’ils aiment. Les prêtres sont appelés à être des intercesseurs, comme Abraham (voir Gn 18,17-33), Moïse (voir Ex 32,11-14.30-32), Samuel (voir 1S 12), tous les guides de la communauté du Seigneur qui par leur intercession on manifesté qu’ils étaient non seulement des hommes de Dieu, mais aussi et simultanément des hommes de la communauté, de l’Église précisément.
Intercéder signifie « faire un pas entre », « s’interposer » entre deux parties, et celui qui intercède s’introduit donc dans la situation, il l’assume jusqu’à la partager, il se laisse compromettre par la relation avec Dieu et avec les hommes. Je reste convaincu que c’est surtout dans l’intercession quotidienne faite par le pasteur pour ses brebis que l’on mesure sa caritas pastoralis, son amour pour le troupeau et pour chacune des brebis qu’il connaît pas son nom (voir Jn 10,3-5), dont il connaît les besoins, les souffrances et les fragilités, ainsi que les péchés. En intercédant auprès de Dieu, le pasteur s’exerce au discernement, il apprend à « juger avec Dieu » d’une situation (c’est là le sens littéral du terme hébreu qui désigne la prière : tefillah), pour décider avec lui d’une action à accomplir. L’intercession est l’action de la sentinelle qui crie vers Dieu jour et nuit au nom de la ville et rappelle à la ville ce que Dieu attend d’elle (voir Is 62,6-7).
C’est ainsi que le prêtre ordonne et approfondit son intériorité, mais c’est ainsi surtout qu’il rend Dieu présent là où il est oublié, marginalisé, et qu’il parvient de telle sorte à purifier les relations, à assumer ses responsabilités pastorales envers l’autre, envers chacun des autres. L’intercession du prêtre, précisément parce que c’est un lieu d’intelligence évangélique de l’autre, est un grand combat contre le cynisme qui menace tant la charge pastorale, en particulier lorsqu’on prend de l’âge ; c’est pour le prêtre un exercice aidant à voir ceux qui lui sont confiés avec les yeux de Dieu, des yeux de miséricorde ; c’est un labeur pour accepter la responsabilité et le souci amoureux pour ceux qui peuvent être antipathiques et parfois insupportables ou simplement ennuyeux, dérangeant, sinon systématiquement rebelles. La caritas pastoralis est exigeante… Ici encore, nous pouvons nous référer à Jésus Christ, le « prêtre des prêtres » (voir He 2,17), qui « est capable de compatir à nos faiblesses, ayant été éprouvé en tous points à notre ressemblance … et qui est capable d’avoir de la compréhension pour ceux qui ne savent pas et s’égarent, car il est, lui aussi, atteint de tous côtés par la faiblesse » (He 4,15 ; 5,2).

c) La prière du prêtre comme adoration
Enfin, l’écoute et l’intercession, ces deux « respirations » de la prière, ne peuvent se produire si ce n’est dans l’adoration du Seigneur Dieu unique et vivant. L’adoration est un acte élémentaire, simple, qui nous place devant Dieu pour lui offrir notre présence, pour lui offrir tout ce que nous sommes, dans notre unité de corps, âme et esprit, jusqu’à tutoyer Dieu, et donc à laisser libre cours à l’action de grâce et à la louange, ou aux pleurs et à la supplication. L’adoration
- est une sorte de cantus firmus qui témoigne de notre ouverture, de notre disponibilité continuelle à être en communion avec le Seigneur ;
- c’est la conscience de la présence de Dieu ;
- c’est l’exultation qui naît du fait de pouvoir dire : « Moi et le Christ nous vivons ensemble » (voir Ga 2,20 ; 1Th 5,10) ;
- c’est la capacité de tout prédisposer pour que chacun de nous devienne le temple, la demeure du Seigneur (voir 1Co 6,19).
Pour tout chrétien – comme on l’a déjà dit – la prière est l’éloquence de la foi ; mais pour le prêtre, la prière doit être l’éloquence de son ministère !

2. La prière liturgique du prêtre
Nous avons réfléchi surtout sur la prière personnelle du prêtre, mais nous n’oublions assurément pas que la liturgie eucharistique et la célébration des sacrements ne sont pas seulement un service à la communauté, mais sont également prière du prêtre et du chrétien qu’il est. Comme dernière partie de notre itinéraire, je voudrais donc faire quelques considérations à partir d’un passage d’une homélie prononcée par Benoît XVI dans la basilique du Vatican le 3 mai 2009, à l’occasion d’ordinations presbytérales :

Nous devons penser aux différentes formes de la prière d’un prêtre, avant tout à la sainte messe quotidienne. La célébration eucharistique est l’acte de prière le plus grand et le plus élevé, et elle constitue le centre et la source dont les autres formes aussi reçoivent leur « sève » : la liturgie des heures, la lectio divina, l’adoration eucharistique, le saint rosaire, la méditation.

On reconnaît dans ces lignes la vision traditionnelle de la prière du prêtre, dans ses différentes modalités et ses divers degrés qualitatifs, de poids et d’obligation. Je voudrais seulement rappeler qu’il y a quoi qu’il en soit un primat de la liturgie des heures et de la lectio divina qu’il s’agit de respecter dans la vie du prêtre. La liturgie des heures en effet est impérative comme « prière commune du peuple de Dieu » (Principes et normes de la liturgie des heures no. 1) et comme engagement exigé des prêtres par l’Église, selon le droit canon :

Les prêtres et les diacres aspirant au presbytérat sont tenus (obligatione tenentur) à réciter chaque jour la liturgie des heures selon les livres liturgiques approuvés (CJC can. 276, § 2, no. 3).

Les clercs sont liés à l’obligation (obligatione adstringuntur) de célébrer la liturgie des heures selon la norme du can. 276, § 2, no. 3 (ibid. can. 1174, § 1)

Nous savons toutefois que parmi les formes de prière du prêtre celle-ci est peut-être la plus délaissée. On invoque pour se justifier le manque de temps, l’intense travail pastoral, etc. Mais il y a probablement aussi d’autres raisons, parmi lesquelles la prépondérance de la célébration de la messe au détriment de la liturgie des heures, laquelle n’a jamais été très présente dans la prière du peuple et qui en est aujourd’hui presque absente. Ma génération connaissait encore la solennelle liturgie des vêpres dominicales que la messe du soir ne rend aujourd’hui plus possible. Par conséquent le peuple de Dieu pense que l’on sanctifie le dimanche comme jour du Seigneur simplement par la participation à la messe, qui est la seule liturgie que l’Église sait offrir.
Ainsi, même parmi les prêtres, la liturgie des heures ne reçoit plus cette attention, cette sollicitude qui devrait lui être reconnue selon le magistère de l’Église. On peut notamment rappeler le passage suivant des Principes et normes de la liturgie des heures :

Les prêtres, unis à l’évêque, … trouveront dans la liturgie des heures, proposée par l’Église, non seulement la source de piété et l’alimentation de l’oraison personnelle, mais aussi cette abondance de contemplation où puiser aliment et stimulation pour l’action pastorale et missionnaire visant à conforter toute l’Église de Dieu (Principes et normes de la liturgie des heures no. 28)

En face de telles exhortations, il faut reconnaître que la liturgie des heures est si peu aimée et pratiquée que l’on peut douter qu’elle connaisse une réception effective, à la différence d’autres éléments de la réforme liturgique postconciliaire. Il suffirait de constater que, lors de convocations diocésaines ou de rencontres ecclésiales de diverse nature, on préfère remplacer l’office prévu par la liturgie des heures par une prière construite de toutes pièces par un liturgiste créatif ou parfois original, une prière dans laquelle toutefois on ne reconnaît plus la liturgie de l’Église…
Je ne peux et ne veux pas ouvrir ici une réflexion approfondie sur l’importance de la liturgie des heures dans la vie des prêtres, mais je voudrais néanmoins indiquer de manière synthétique les raisons pour lesquelles il vaudrait la peine de ne pas l’abandonner en la considérant superflue ou en la jugeant une surcharge par rapport au ministère presbytéral. Avant tout, la liturgie des heures est absolument nécessaire à la vie du prêtre pour rythmer le temps, pour greffer la memoria Dei dans l’écoulement des heures, pour donner une orientation au temps : celle de la constante assiduité avec le Seigneur. Que l’Église, le matin et le soir, dans le rythme marqué par le jour et la nuit, par l’aube et le crépuscule, se mette devant le Seigneur, en sa présence, et lui offre la liturgie : cela ne constitue pas seulement une nécessité toujours reconnue au cours des siècles, depuis les temps apostoliques, mais cela apparaît aujourd’hui encore comme une urgence décisive pour ceux qui ne sont pas dominés par le temps, mais veulent l’ordonner, et trouver une articulation entre la prière et la journée. L’Église prie son Seigneur surtout le matin et le soir, et un prêtre ne peut pas ne pas soutenir cet effort, ne pas participer à cette actio ecclesiae qui prédispose tout afin que le Seigneur puisse lui faire les dons de la Parole, de la grâce, du salut. Dans la liturgie des heures, le prêtre « se fait voix » de la communauté, de l’Église persévérante dans la prière ; il se fait confesseur de la foi et intercesseur pour ceux qui lui ont été confiés et dont il est pasteur au nom du Christ.
Si la liturgie (et non seulement l’eucharistie !) est fons et culmen de toute l’activité de l’Église, elle est aussi fons et culmen de tout le ministère exercé par le prêtre. La liturgie des heures précisément, laus perennis mysterii, est le sacrificum laudis (He 13,15) qui plaît à Dieu et que l’Église offre sans cesse à son Seigneur. Si un prêtre n’y participe pas, il se sépare de cette communion célébrée et vécue, et il appauvrit fortement son service, qui a surtout besoin des énergies divines transmises par le Seigneur lui-même dans la liturgie, véritable opus Dei.
Mais la liturgie des heures est pour le prêtre également le magistère qui, avec l’eucharistie, modèle et nourrit sa foi, renouvelle son espérance, fait croître sa charité. La Parole de Dieu qu’on y écoute, le chant ou la récitation des Psaumes – Parole de Dieu et de l’homme qui ne nous est jamais étrangère –, la grande tradition de l’Église présente dans les lectures patristiques, sont l’aliment quotidien et la source d’eau vive pour tout chrétien, mais en particulier pour le prêtre, appelé à confirmer la foi de ses frères. Oui, la liturgie des heures est l’instrument premier permettant au prêtre d’être « bien équipé pour faire le bien » (2Tm 3,17) ; c’est le lieu privilégié où le prêtre apprend la grammaire de la liturgie de l’Église et peut insérer son propre moi dans le moi de l’Église et dans le moi du Christ qui prie le Père.
Mais hormis la liturgie des heures, et même dans la liturgie des heures, en particulier dans la célébration de l’office des lectures, le prêtre doit s’exercer aussi à la lectio divina. Depuis la fin des années ’80 du siècle dernier, le magistère papal rappelle à l’Église et aux prêtres cette pratique traditionnelle, à travers laquelle la Parole de Dieu contenue dans les Écritures comme Parole du Dieu vivant rencontre le croyant. La lectio divina est lieu de célébration de l’alliance, parce que dans la lectio Dieu parle à l’homme, et dans l’oratio le croyant parle à Dieu. Ailleurs, j’ai médité amplement et à bien des reprises sur la lectio divina ; je voudrais ici seulement recommander de ne pas faire d’elle une méthode rigide, ni d’y chercher des définitions astucieuses inventées chaque jour, mais de la comprendre comme une trace, une indication comportant certaines exigences :

- la lectio comme lecture attentive du texte biblique ;
- la meditatio comme une halte sur la Parole, une recherche en vue de sa compréhension selon le principe traditionnel Scriptura sui ipsius interpres (en s’appuyant si nécessaire sur des commentaires exégétiques, des anthologies patristiques, etc.) ;
- l’oratio comme une prière qui découle de ce que nous avons écouté du Seigneur, comme une réponse à sa voix qui a atteint nos profondeurs en tant que présence vivante du Seigneur ressuscité auquel nous pouvons nous adresser directement, en lui disant notre amour et notre amen ;
- la contemplatio comme préservation de la Parole qui transforme notre regard, notre manière de sentir, de parler, d’agir, et les conforme à celles de Dieu, à la pensée du Christ (voir 1Co 2,16). On peut ainsi faire l’expérience du fait que la Parole de Dieu contenue dans les Écritures est nourriture qui croît et devient plus savoureuse à mesure qu’on la « rumine » avec assiduité.
Pour résumer, on peut affirmer ce qui suit : si le Seigneur a intimé à Josué, en tant que guide de son peuple : « Ce livre de la Loi ne s’éloignera pas de ta bouche ; tu le méditeras jour et nuit afin de veiller à agir selon tout ce qui s’y trouve écrit, car alors tu rendras tes voies prospères, alors tu réussiras » (Jos 1,8) ; si Paul à exigé du presbytre : « Consacre-toi à la lecture de l’Écriture » (1Tm 4,13), il s’ensuit que l’assiduité avec les Saintes Écritures est un devoir absolu et primordial de tout pasteur dans l’Église. Et la lectio divina est la manière traditionnelle, qui trouve ses racines dans la tradition juive, de permettre à la sacramentalité de la Parole de s’inscrire dans la vie de prière du prêtre.

Conclusion
Je suis fermement convaincu que du rapport d’un prêtre avec la Parole de Dieu dépend sa vie spirituelle, son identité, l’efficacité de son ministère : tous ces éléments trouvent leur synthèse dans le laborieux exercice de la prière quotidienne. En ce sens, je voudrais conclure par un beau texte adressé il y a une quinzaine d’années par celui qui était alors le cardinal Joseph Ratzinger au Conseil des Conférences épiscopales européennes. Ce texte exprime bien le fait que la prière du prêtre, enracinée dans son écoute de la Parole, peut lui accorder exousía, autorité pour accomplir jour après jour son ministère au service de l’Église de Dieu. On y lit :

Je suis convaincu que la lectio divina est l’élément fondamental dans la formation du sens de la foi et par conséquent l’engagement le plus important pour un évêque maître de la foi [et donc pour un prêtre] … La lectio divina est écoute de Dieu qui nous parle, qui me parle. Cet acte d’écoute exige donc une véritable attention du cœur, une disponibilité non seulement intellectuelle, mais intégrale, de tout l’homme. La lectio divina doit être quotidienne, elle doit être notre nourriture de chaque jour, parce que ce n’est qu’ainsi que nous parvenons à apprendre qui est Dieu, qui nous sommes, ce que signifie notre vie en ce monde (Joseph card. Ratzinger, in Consilium Conferentiarum Episcopalium Europae, Rome 2001).

C’est de la lectio que le prêtre pourra tirer la force pour la prière quotidienne, dialogue avec Dieu qui renouvelle sa vie et celle du troupeau qui lui est confié ; c’est à la lectio qu’il pourra puiser pour prêcher « des choses nouvelles et des choses anciennes » (Mt 13,52), des paroles toujours inspirées par la Parole de Dieu, qui ne sont pas de lui mais viennent du Seigneur.

fr. Enzo Bianchi, prieur de Bose