Projet et comité scientifique

VIIe Colloque liturgique international 
ÉGLISE ET VILLE
Bose, 4 - 6 juin 2009
Monastère de Bose
Office national pour les biens culturels ecclésiastiques – CEI

dipinto di FRANCO GENTILINI, Piazza di Mantova, 1963

PROJET ET COMITÉ SCIENTIFIQUE

L'Église est née et elle s'est développée dans la ville, de sorte à être l'Église d'une ville. Elle y est liée à tel point que chaque Église locale a toujours porté le nom de la ville dans laquelle les chrétiens se réunissaient en assemblée: l'Église de Dieu qui est à Jérusalem, à Corinthe, à Rome… Même lorsque le christianisme s'est progressivement étendu dans les villages, dans les campagnes et sur els montagnes, d'une extrémité l'autre de la terre, il ne s'est jamais donné une Église sans sa ville d'origine. Au début du troisième millénaire, le dialogue entre l'Église et la ville, forme fondamentale du rapport entre l'Église et la société, est en mutation, il devient toujours plus intense et semble destiné à se faire plus complexe et différencié par rapport au passé. La population des villes augmente progressivement dans le monde entier, selon des formes qui changent de continent à continent. Les villes sont constamment peuplée de nouveaux habitants qui arrivent d'autres régions du même pays, ou de plus loin, poussés par la pauvreté. En Europe surtout, d'autres hommes et d'autres femmes arrivent de loin et s'établissent de manière plus ou moins stable, formant des groupes de communautés multiformes.

L'Église partage ainsi le sort de ceux qui exercent l'accueil dans les périphéries et dans les centres abandonnés, elle s'identifie aux nouveaux habitants qui arrivent en recherche de pain et d'une maison, elle se reconnaît en tous ceux qui se déplacent en passant par les villes du monde pour des motifs de travail, d'études, de tourisme. Il s'agit d'un défi que l'on peut exprimer par deux simples questions: la ville du futur est-elle destinée à voir le triomphe d'une vie sociale à ce point sécularisée qu'elle deviendra un écheveau informe de propositions religieuses indifférenciées? Comment annoncer, célébrer, vivre en chrétiens dans les villes ou les métropoles disséminées sur la face de la terre? C'est aussi dans les villes, et là surtout, que l'Église perçoit de grandes transformations en acte, qu'elle découvre la pluralité des communautés et des religions, en se rendant compte de ce que signifie vivre une transformation qui est tout à la fois globale et locale . Aujourd'hui l'Église est donc appelée à ne pas subir le changement en acte, mais à l'interpréter, à l'accompagner, à l'évaluer de manière critique, notamment en sollicitant l'autorité politique et les acteurs culturels à la réflexion et à l'action intelligente.
Ce contexte social et ecclésial constitue l'arrière-fond et l'horizon du VIIe Colloque liturgique international de Bose qui affrontera, du point de vue anthropologique, sociologique, historique, liturgique, théologique, architectural et urbanistique, le thème Église et ville. Les églises sont métaphore de la présence de l'Église de Dieu dans la cité des hommes, dans la mesure où l'Église se rend publique et se représente à travers ses églises, qui sont une forme haute et autre de langage. Disséminées dans le tissu urbain, sur les places ou le long des rus, les églises sont l'image à la fois de la proximité et de l'altérité de ce dont elles sont signe. Plus elles sont lieux de beauté, plus elles témoignent d'un ethos qui inspire et modèle des relations belles et des liens humains marqués par la bonté. Elles révèlent le style de la présence des chrétiens dans la société, qui est toujours une proximité dans la différence et une présence dans la diaconie. La façade d'une église est le visage de l'Église, qui, dans la proximité avec les hommes, dit l'accueil, le don gratuit, le partage, la consolation. Si elles sont cela, les églises sont le sacrement de la présence de Dieu parmi les humains. Chaque personne, qu'elle soit croyante ou non, pourra reconnaître avec la liturgie: « Locus iste a Deo factus est, inaestimabile sacramentum » (4Esd 8,21), « ce lieu a été fait par Dieu, c'est un sacrement qui surpasse toute valeur ».

Voilà donc les interrogations qui seront à la base de la réflexion du colloque: comment célébrer aujourd'hui dans les villes si riches en nouveautés? Comment projeter de nouvelles églises dans les villes intensément marquées par la mobilité, la multiculturalité, et la présence simultanée de nombreuses confessions et religions? Comment utiliser au mieux, en répondant aux défis d'aujourd'hui, le patrimoine des églises et des implantations ecclésiales héritées de l'histoire? Quelles occasions offrent-elles pour l'usage pastoral et culturel des églises dans les contres historiques? Quelles églises conservent encore, voire augmentent, leur signification dans les centres historiques européens? Quel peut être le rôle des cathédrales dans les villes anciennes? Que signifie projeter, construire et célébrer dans des pays et des villes où les chrétiens sont une minorité?

Chercher des réponses simples et sérieuses à ces interrogations difficiles, c'est déjà projeter et construire des églises, et à travers elles, édifier l'Église de Dieu au sein de la Cité des hommes.

Comité scientifique: ENZO BIANCHI (Bose), STEFANO RUSSO (Roma), GOFFREDO BOSELLI (Bose), FRÉDÉRIC DEBUYST (Louvain-la-Neuve), PAUL DE CLERCK (Paris - Brussel), ALBERT GERHARDS (Bonn), ANGELO LAMERI (Roma), KEITH PECKLERS (New York - Roma), GIANCARLO SANTI (Milano).