6 Février

BARSANUPHE ET JEAN DE GAZA (VIe siècle) moines

Les Églises orthodoxes font aujourd’hui mémoire de Barsanuphe le Grand et de Jean le Prophète, moines qui vécurent au VI è siècle dans le désert de Gaza.
Le plus ancien des deux, Barsanuphe, était d’origine égyptienne. Avant d’entrer au monastère, il avait souffert nombre de maladies et de tentations qui l’avaient fortifié. Arrivé en Palestine, il s’était joint aux cénobites que guidait l’higoumène Sérido, pour s’adonner ensuite à la vie érémitique et finir comme reclus, une fois acquise une paix profonde et une personnalité solide, comme il ressort de ses Lettres.
Dans cette même correspondance, on trouve également les lettres de Jean: c’était le compagnon de solitude de Barsanuphe. Jean , qui avait fait office d’higoumène dans le monastère de Merasala, avait suivi le même parcours que Barsanuphe, jusqu’à devenir reclus dans le voisinage de ce dernier.
La renommée des deux Anciens fut telle que beaucoup se mirent en quête de leurs conseils épistolaires. En lien avec le monde extérieur uniquement par l’entremise de l’higoumène Serido, les deux pères du désert offrirent à travers leur correspondance une des plus importantes collections d’écrits chrétiens sur la valeur de l’humilité et de l’obéissance : selon les enseignements des deux Anciens, l’humilité et l’obéissance sont, en effet, le moyen de mener ceux qui les pratiquent au plein exercice de la liberté et de l’amour. Grâce aux lumières de l’Esprit, Barsanuphe et Jean, malgré leur total isolement, surent engendrer à la vie spirituelle des générations entières de chrétiens, leur montrant que celui qui est vraiment uni à la paix qui découle de la découverte de l’homme intérieur peut vivre en aimant toute créature, même s’il est séparé de tous.

Lecture

Demande d’un des pères au grand Vieillard : Je t’en prie, Père, dis-moi comment on acquiert l’humilité et la prière parfaite. Que faire pour ne pas avoir l’impression de s’agiter et que convient-il de lire ?
Comment acquérir l’humilité parfaite, frère, le Seigneur nous l’a enseigné en disant : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur , et vous trouverez le repos pour vos âmes ». Si donc tu veux acquérir l’humilité parfaite, apprends ce qu’il a enduré et endure-le aussi ; retranche en toutes choses ta volonté, car il a dit lui-même : « je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de mon Père qui est dans les cieux ». Voilà l’humilité parfaite : supporter les outrages et les injures et tout ce qu’a souffert notre Maître Jésus »
(Barsanuphe et Jean, Lettres 150).

Prière

Dans le miroir de vos cœurs purs ont été révélés les secrets des hommes et les desseins de Dieu. Les rayons de la grâce qui émanaient de vous resplendissaient, dispersant les ombres du péché des hommes.
Barsanuphe et Jean, au discernement éblouissant, suppliez le Seigneur pour nous tous.


PAUL MIKI ET SES COMPAGNONS (+ 1597) martyrs

En février 1597 meurent, crucifiés sur une colline près de Nagasaki, le jésuite japonais Paul Miki et 26 de ses compagnons chrétiens.
Le christianisme était parvenu au Japon depuis quelques décennies grâce à l’œuvre missionnaire de François Xavier. En peu de temps, une Église locale, modeste mais dynamique, était née de l’ardeur des franciscains et des jésuites. Mais l’arrivée de forces étrangères au Japon, peu appréciée dès le début, fut considérée comme intolérable par le shogum Taikosama (le chef militaire suprême), qui tentait, en faisant appel à une idéologie nationaliste, de recomposer l’unité de son pays gênée par les petits seigneurs locaux.
La situation s’accéléra quand, en 1587, les missionnaires furent expulsés et le christianisme prohibé. L’Église fut contrainte à vivre dans la clandestinité.
Une véritable persécution éclata en 1597. Paul Miki, premier jésuite japonais et prédicateur fougueux, fut arrêté avec ses compagnons. On aurait voulu les traîner à travers les villages pour effrayer la population, mais partout où ils étaient conduits ils annonçaient l’Évangile et répondaient par des chants de louanges aux supplices auxquels ils étaient soumis. Paul Miki, après avoir pardonné à ses bourreaux, alla au devant de la mort en chantant : « En tes mains, Seigneur, je remets mon esprit ».
Au souvenir des premiers martyrs du Japon, tout chrétien en ce jour est invité à faire mémoire devant le Seigneur de toutes les Églises de ce pays, qui vivent depuis toujours la condition difficile de ceux qui ne sont qu’une maigre minorité, un petit troupeau.

Lecture

Tandis que les païens s’approchaient pour trucider les chrétiens sur l’ordre du roi, un des pères de la maison de Nagasaki demanda à un adolescent d’une quinzaine d’années : « Que répondras-tu quand ils te demanderont si tu as été baptisé ? ». « Je leur répondrai, dit l’adolescent, que je suis un chrétien ». « Et si pour ce motif ils menacent de te tuer, que feras-tu ? ». « Je me préparerai à la mort ». « Mais comment ? » demanda le père. L’adolescent, avec une admirable force d’âme et des larmes plein la voix, répondit : « Jusqu’au dernier moment j’implorerai la miséricorde de Dieu » (d’après les Actes des saints).

Prière

Dieu qui es la force de tous les saints, tu as appelé Paul Miki et ses compagnons à passer par la croix pour entrer dans la vie ; accorde-nous de garder comme eux jusqu’à la mort la foi que nous proclamons.

Lectures bibliques
Ga 2,19-20 ; Mt 28,16-20


KSENIJA DE SAINT PETERSBOURG (env.1720-1803) folle en Christ

L’Église orthodoxe russe fait aujourd’hui mémoire de Ksenija de Saint Pétersbourg, folle en Christ.
Ksenija Gregorievna Petrova était l’épouse d’un officier de l’armée impériale. À la mort de son mari, Ksenija n’avait que vingt-six ans et ce douloureux événement lui fit remettre en question la vie mondaine à laquelle elle était habituée. Elle se mit ainsi à prendre, de façon toujours plus marquée, des comportements pour le moins bizarres, jusqu’à être reconnue comme folle en Christ, selon une modalité de témoignage évangélique très chère à la spiritualité orthodoxe, russe en particulier.
Vêtue des habits toujours plus usés de son mari, Ksenija cacha, quarante-cinq années durant, son dévouement total aux pauvres de la ville sous les apparences d’une mendiante. Morte sans doute en 1803, elle est jusqu’à ce jour une des figures de sainteté les plus chères au peuple russe.

Prière

Pour avoir choisi la pauvreté du Christ, tu prends part maintenant à son banquet éternel ; tu as combattu la folie du monde en simulant la démence, et par l’humiliation de la croix tu as reçu la force de Dieu. Ô bienheureuse Ksenija, toi qui as eu le don des miracles pour secourir tes frères, prie le Christ Dieu de nous délivrer de tout mal par la conversion et la pénitence.

Lectures bibliques
Ga 3,23-4,3 ; Mt 25,1-13


Les Églises font mémoire...

Anglicans : Les martyrs du Japon
Catholiques d’occident : Paul Miki et ses compagnons, martyrs (calendrier romain et ambrosien)
Coptes et Ethiopiens (28 tubah/terr) : La multiplication des pains ; Käv d’Al-Fayyoum (IIIe-IVe s.), martyre (Église copte-orthodoxe) ; Apolline (+ 249), vierge d’Alexandrie (Église copte-catholique)
Luthériens : Amand (+ env. 679), missionnaire et évêque en Flandre
Maronites : Proclus (Ier s.), disciple de l’apôtre Jean, martyr
Orthodoxes et gréco-catholiques : Bucolos (Ier s.), évêque de Smyrne ; Photius le Confesseur (+ 891), patriarche de Constantinople ; Ksenija de Saint Petersbourg, folle en Christ (Église russe)
Syro-orientaux : Tite, apôtre (Église malabar)