La Parole de Dieu du Concile au Synode

N'oublions pas , en effet, que la Constitution dogmatique que le concile Vatican II a consacrée à la Révélation divine (Dei Verbum) attribue à la Parole un rôle d'unité dans les domaines essentiels de la vie de l'Église: dans la liturgie, les Écritures « font résonner … la voix du Saint-Esprit » et par elles « Dieu vient … à la rencontre des ses enfants et entre en conversation avec eux » (DV 21); la prédication « doit être nourrie et modelée par la sainte Écriture » (ibid.); la théologie doit se baser « sur la Parole de Dieu comme son fondement pérenne » et l'étude de l'Écriture doit être « comme l'âme de la théologie » (DV 24); la vie quotidienne des fidèles doit être marquée par la fréquentation assidue et orante de l'Écriture (DV 25). Cette centralité de l'Écriture dans l'Église vise « à apprendre l'éminente connaissance de Jésus Christ » à travers l'assiduité avec lui. En effet, « ignorer les Écritures c'est ignorer le Christ » (ibid.). Or puisqu'on ne trouve pas un livre, au cœur de l'Écriture, mais la personne vivante de Jésus Christ, la Bible elle-même se présente comme un livre qui exige une interprétation permettant la rencontre avec le Christ, Parole définitive de Dieu à l'humanité.

Comment oublier ce que ces paroles ont signifié – et en particulier la prière, la réflexion, le débat et la communion ecclésiale qui les ont engendrées – dans les réalités ecclésiales locales? Comment ne pas se souvenir, sans nostalgie mais avec une profonde gratitude, de ce souffle d'une nouvelle Pentecôte qui traversait les paroisses des villes et des campagnes un peu partout: pouvoir écouter la parole de Dieu proclamée dans sa propre langue, en connaître un choix abondant et articulé de passages tant de l'Ancien que du Nouveau Testament, pouvoir accéder librement à la traduction de la Bible tout entière, pouvoir interroger l'Écriture sur ce qui tient à cœur dans la vie de foi et, plus encore, pouvoir se laisser interroger par la Parole de Dieu dans les choix quotidiens de l'existence… Des groupes plus ou moins informels se multipliaient, qui se retrouvaient pour lire et comprendre les textes bibliques, des revues voyaient le jour, ainsi que des publications visant à aider les prêtres, mais également les responsables du catéchisme, les animateurs et les agents pastoraux, à combler leurs lacunes dans le domaine biblique. Et combien de croyants ont appris, précisément durant ces années-là, à se servir de ces richesses redécouvertes pour alimenter leur prière personnelle à travers la pratique de la lectio divina et une familiarité renouvelée avec la liturgie des heures!