La Parole de Dieu du Concile au Synode

C'est peut-être précisément dans cet horizon que l'on peut saisir combien le chemin entrepris à partir du concile se révèle irréversible: le croyant, accompagné et aidé dans son contact tout personnel avec l'Écriture, en découvre la valeur vitale, parvient à la percevoir comme une Parole qui lui est adressée à lui-même, comme pain de vie pour sa propre existence quotidienne. Une connaissance intime naît, qui implique l'être humain tout entier – âme, corps et esprit – et non seulement ses facultés intellectuelles, et l'amène progressivement à se conformer à la volonté de Dieu et à devenir à son tour « parole » de Dieu proclamée à travers la vie. L'Écriture en effet, qui est une « lettre de Dieu aux hommes », pour reprendre une expression des pères de l'Église, est donnée pour être vécue, pour qu'on y obéisse: vivre la parole devient ainsi un critère d'interprétation pour comprendre l'Écriture, qui se dévoile à nous de manière différente lorsqu'elle est vécue ou lorsqu'elle est simplement lue ou étudiée. Oui, la compréhension du « c'est écrit » tend à devenir histoire de la sainteté: voilà le passage que les pères conciliaires ont aidé à accomplir; il constitue, alors comme aujourd'hui, le passage pascal de la page à la vie. Et les énergies vitales qu'une telle approche de l'Écriture dégage dans le croyant et dans la communauté chrétienne sont telles qu'elles irradient tout le corps ecclésial des dons de l'Esprit et qu'elles le rendent capable d'un témoignage authentique et crédible dans la compagnie des hommes.

De même que l'événement pascal, dans lequel est inscrit le salut universel, ne s'est pas imposé à tous, mais qu'il s'est offert, de même en est-il de la parole qui communique et témoigne cette annonce. La puissance de l'amour, toujours respectueuse de la liberté de l'autre, possède l'efficacité propre du don. Et le don, comme l'amour, n'est jamais neutre, même lorsqu'il est refusé! Comme on répond à l'amour par l'amour, ainsi répond-on au don par la gratitude et en entrant dans la même logique du don. Et même face à celui qui le refuse, l'amour ne cesse d'être amour, et continue à s'offrir, de manière unilatérale! Il maintient ainsi ouverte la voie du salut pour tous les hommes.

C'est cette voie que le concile a voulu faire redécouvrir par la « médecine de la miséricorde »; et c'est sur cette voie que nous sommes appelés à marcher jour après jour, en gardant la Parole comme lampe pour nos pas.

Lee prieur et les frères et sœurs de Bose

Bose, 11 mai 2008
Pentecôte