La liturgie édifie la communauté à la gloire de Dieu seul

 

Aucun anonymat, parce que le visage irréductible de chaque personne est à découvert, mais l’habit manifeste la communion dans l’égalité de la vocation et de la qualité de fils et filles de Dieu, donc de frères et de sœurs. Quand le moine, pour entrer dans l’assemblée liturgique, revêt la coule, il se rappelle de son identité plus profonde et se prépare ainsi à se placer devant le Seigneur.

La première action lorsqu’on entre dans l’assemblée est la révérence profonde, l’adoration convaincue et consciente du Seigneur face auquel son se tient (voir 1R 17,1 ; 18,15 ; etc.) : tous se trouvent devant Dieu, le Seigneur ! Parmi eux, il ya un « premier » (Mc 10,44 ; Mt 20,27), le serviteur de tous, qui tient la première place dans l’assemblée et peut porter un signe de son service, la croix. Mais il se trouve lui aussi devant Dieu, avec la même dignité que tous les autres ; mais d’eux, de chacun d’eux, il doit rendre compte à Dieu (voir Règle de saint Benoît 2,34.37.38 ; 3,11 ; 31,9 ; 63,2 ; 64,7 ; 65,22 ; Règle de Bose 30), et il ne peut l’oublier, surtout lorsqu’il préside l’assemblée liturgique.

L’assemblée liturgique dans les Églises chrétiennes est toujours publique, on n’y célèbre pas comme dans les sectes… C’est toujours une assemblée qui peut être vue, non seulement parce qu’elle n’a rien à cacher, mais qu’elle est appelée à manifester, à annoncer le mystère chrétien, c’est-à-dire le Christ présent comme Kýrios dans son Église. Cette qualité publique est très importante, et ceux qui participent à l’assemblée liturgique doivent en être conscients : mieux vaut sinon ne pas y participer. Il ne suffit pas d’« être là », il faut être vigilant, lutter contre la tentation du sommeil, de l’étourdissement, il faut « participer » à ce qui est dit et fait par toute l’assemblée. Une passivité lors de la participation amoindrit la vie du corps, l’affaiblit, et crée en lui une division. Ne pas chanter, ne pas répondre au dialogue liturgique, laisser vaquer son esprit ailleurs, laisser la tiédeur envahir le cœur, constitue une contradiction grave à l’égard du Seigneur, mais aussi de la communion. Dans sa Règle, saint Benoît, comme le faisaient déjà Pachôme et Cassien, apparaît très sévère sur les manques d’attention et de participation à la liturgie (voir RB 45), parce que les erreurs et les défaillances blessent l’assemblée.

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