La liturgie édifie la communauté à la gloire de Dieu seul

 

Pour cette raison il faut que chacun participe à l’assemblée liturgique dans sa vérité et selon ses capacités, et si une personne est sans capacité pour certaines interventions dans l’assemblée, une fois que cela s’est vérifié patiemment, qu’elle sache demander d’être exonérée de ce service, en reconnaissant humblement ses capacités ou incapacités. Tous doivent participer à la liturgie, mais les modes de participation sont différents, selon les degrés de l’ordre ecclésial et les dons reçus.

Précisément le caractère public de la liturgie souligne qu’elle est un « Lieu d’objectivité » où apparaît ce que l’on est, ce que la communauté est dans ses faiblesses et dans ses forces. La vérité, parfois, est difficile à soutenir, mais sans la vérité c’est souvent la simulation qui s’affiche, et celle-ci porte à l’hypocrisie, c’est-à-dire au mensonge organisé pour apparaître, pour faire voir, pour sembler être ce que l’on n’est pas. Aucune tentative ne doit donc être faite pour forcer la réalité objective des dons de chacun et des dons de la communauté.

Enfin, il faut rappeler que la liturgie a une objectivité qui ne doit pas être contredite par les sentiments, les émotions, les affects. Doit lire celui qui lit bien et se fait comprendre, et non pas celui qui sait lire mais plaît personnellement à l’un ou l’autre. Doit chanter comme soliste celui qui sait bien chanter et non celui qui veut chanter ou qui, s’il chante, procurera du plaisir à quelqu’un. Sur ce point aussi, Benoît est très clair : « Personne ne prendra sur soi (praesumat) de chanter ou de lire, s’il n’est capable de remplir cette tâche à l’édification des assistants » (RB 47,3). Il y a une objectivité du rite qui doit être respectée, et l’ars celebrandi exige une compétence et un style. Ici se trouve l’adoration du Seigneur : dans la reconnaissance de sa gloire, son poids, capable de déterminer notre liturgie, qui doit être à sa gloire, mais aussi pour l’édification de la communauté.

Fr. Enzo Bianchi, prieur