Conclusions du Colloque


Sacrements et paternité spirituelle

Une question fondamentale a été posée au cours de ce colloque: celle du lien entre les sacrements de l'initiation chrétienne (baptême, chrismation, eucharistie), ainsi que le sacrement de la confession, et la paternité spirituelle. La paternité spirituelle, en Esprit, de l'évêque et du prêtre, comme mystagogues, doit porter et encadrer le charisme de la paternité spirituelle.
Ce rapport, potentiellement conflictuel, s'est souvent harmonisé au cours de l'histoire de l'Église par l'identification de la direction spirituelle avec la confession sacramentelle. Saint Nicodème l'Hagiorite, dans un temps de cris pastorale, en est un exemple. Il n'en a pas été autrement dans l'Occident latin.
Cette confusion, si confusion il y a, est déjà présente dans le premier exposé un peu systématique sur le sacerdoce que nous possédons. Saint Grégoire le Théologien, dans sa Deuxième Oraison (en 362), en esquissant le portrait du prêtre idéal, esquisse en fait le portrait du père spirituel. Il fait à peine allusion aux aspects liturgiques du ministère sacerdotal. Vingt-cinq ans après, saint Jean Chrysostome, dans son traité Sur le sacerdoce empruntera encore en grande partie la même voie. Il ne faut peut-être pas trancher, mais accepter l'œuvre de l'Esprit saint dans l'un et l'autre charismes.
Mais cela ne fait que rebondir la question: quelle est la place de la paternité spirituelle au sein de la koinonía ecclésiale? On a attiré l'attention sur le danger de l'individualisation (atomisation) que peut comporter un rapport père(s)-fils spirituels au détriment de la communion ecclésiale.
Sans doute faut-il rapprocher de cela une certaine ambigüité dans la réception par le Peuple de Dieu des charismes de paternité spirituelle. Dostoïevsky en présente un bel exemple romancé dans Les Frères Karamazov, avec les figures contrastées du staretz Zosime et du staretz Thérapont.


La formation spirituelle

Une question a été posée: comment remédier à la crise de la formation spirituelle? Le témoignage des moniales russes et géorgiennes, ces femmes souvent simples et faibles, nous a appris que l'Esprit saint transmet la foi et la tradition par ce qui est fragile et méprisé aux yeux des puissants de ce monde. Elles aimaient, elles compatissaient, elles se montraient infiniment patientes dans le portement de la croix.
Mère Gavriila nous a rappelé aussi que la vie monastique ne s'épuise pas dans la prière liturgique, le canon de la cellule et l'ascèse. La tâche des pères et des mères spirituels est d'initier à l'ascèse intérieure, d'ouvrir un chemin de prière continuelle et de charité. Il faudra ajouter à cela la formation à la lecture des Saintes Écritures et des Pères, que nous avons déjà mentionnée.